jeudi 16 mai 2019

CARTES BIAISÉES

Le glissement sémantique se poursuit. Et là, la presse est minable. Les journalistes, ils ont rien qu’à poser leur cul face à l’ordinateur.

Je vous explique. Depuis une semaine, y’a une grosse polémique sur les lieux ousqu’on peut aller (ou pas) selon le Ministère des Affaires Etrangères et tous les diplomés du CFJ et lieux assimilés se réfèrent, jour après jour, aux cartes du dit Ministère.

Bande de nazes !!! Sur mon ordinateur de bureau, j’ouvre une « carte » du Sahel vu par le Quai.. A priori, la carte en question, c’est du 1/30 Mio. A vue de nez, j’ai pas mesuré. Echelle où 1 centimètre représente 300 kilomètres. Et où 1 millimètre, par voie de conséquence, reprèsente 30 kilomètres.

Faut arrêter, là. Ces cartes ne sont pas des cartes, ce sont des illustrations, des trucs pour faire joli, pour faire sérieux, pour faire croire que… Pas pour informer. En publiant ça, le Quai d‘Orsay se moque du monde. Aucun voyageur, aucun professionnel du tourisme, ne peut utiliser ce truc pour planifier un voyage. Quant à le sécuriser, même pas en rêve.Quel journaliste l'a dit ?

Qu’on ne me dise pas que ce n’est pas possible. Cette zone d’Afrique avait été confiée à l’IGN-FRANCE par la Commission Internationale de la carte du Monde dans les années 1950. Il existe, en vente libre, des cartes en papier au 1/1 Mio (1 mm égale 1 kilomètre, soit 30 fois mieux). Pour le Burkina, le parc du W a été cartographié au 1/200 000 : 1 mm égale 200 m. Quand j’étais libraire, j’en ai vendu. Et donc, les données cartographiques existent et elles sont la propriété du Gouvernement français qui peut les utiliser à son gré.
Rien n’empêche une information sérieuse, précise. Les illustrations du MAE peuvent être transformées en cartes vectorisées, cliquables, pour changer l’échelle et informer au mieux. Google fait ça tous les jours. Le Quai d’Orsay en est incapable. En novlangue : le MAE n’est pas en capacité d‘adapter son information aux besoins des citoyens français pour les sensibiliser aux risques qu’ils encourrent.

Là où ça va plus, c’est quand des hommes restent au tapis. Là où ça va plus, c’est quand on cherche à coller la responsabilité à des individus auxquels on donne, pour leur prise de décision, des éléments totalement inutilisables. Un tour-operateur a parlé de cartes dessinées au Stabilo. Si la main du cartographe tremble un chouïa, la zone interdite se déplace de 30 kiomètres !!! Et les assurances ne remboursent pas pareil vu que les cartes du MAE font autorité.

Je suis un vieux con. J’ai connu les temps où les organisateurs de voyages stockaient dans leurs placards des centaines de cartes détaillées et les sortaient dès qu’ils avaient un doute. Puis, ils interrogeaient le MAE qui n’avait pas de site d’information mais pouvait donner l’information. Tout ceci a été automatisé et plus personne ne sait rien de précis. On a filé vers une sorte de Plus Grand Commun Multiple de la géographie.

Et oui : remplacer l’information par l’illustration, c’est mieux, plus ludique, plus convivial, plus vendeur. Plus mortel aussi. Mais c’est statistiquement insignifiant.

Bande de nazes !! Vous avez détruit le voyage. Il vous reste à détruire les voyageurs.

Pour des raisons qui n’appartiennent qu’à moi, en regardant la cérémonie des Invalides, j’ai pensé au colonel Erulin. Vous ne savez pas qui c’est ? Pas grave. Il ne vous connaissait pas non plus.



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