lundi 6 mai 2019

LE BABILLAGE ET L'IMPUISSANCE

Jolie analyse de Jean-Claude Guillebaud ce jour sur le mode de gouvernement d’Emmanuel Macron. Analyse biaisée car l’auteur est fin écrivain et accorde trop d’importance aux mots.

L’analyse du macronisme est pourtant simple : écouter les mots et répondre aux mots par d‘autres mots. Point d’actes. Le macronisme est l’art du babillage.

On en a d’autres exemples du même tonneau. Pepy confronté à une série de retards de trains crée une direction de la communication sur les retards. Motif : les voyageurs se plaignent du manque d’information.

Il ne vient à l‘idée de personne qu’aucun voyageur ne se plaint d’un manque d‘information sur les trains qui sont à l’heure et que la plainte est consubstantielle au retard. Que Pepy fasse son boulot qui est de garantir l’exactitude des trains et il pourra fermer sa direction de la communication.

Mais voilà : pour les managers modernes, parler, c’est agir. Voilà des années qu’on communique sur les retards de l’EPR liés à des difficultés de soudure. L’EPR chinois fonctionne : d’un côté on communique, de l’autre, on soude.

Les medias ont responsables de cette situation. Journalistes et politiciens sur-valorisent les mots qui sont leur fonds de commerce. Au point qu’un beau discours expliquant un échec patent vaut plus qu’une phrase lapidaire sanctionnant une réussite.

A cet égard, le Grand Débat a été caricatural. Trois mois d‘accumulation de mots et pas une mesure immédiate et efficace. La presse a vanté la performance présidentielle qui consistait à parler six heures de rang sans que rien ne suive. Le peuple en était ébahi : il n’avait pas voté pour recevoir un cours magistral mais pour changer sa vie.

On ne peut en vouloir à Macron. C’est ce qu’il a appris à  l’école : discourir longuement et sans notes afin  de prouver sa connaissance du sujet. Gouverner, c’est parler. Il a construit son gouvernement autour de ce paradigme. Bien entendu, c’est faux Gouverner, c’est agir même si la parole a sa place dans l’action : l’appel du 18 juin n’est pas indifférent mais n’est pas de Gaulle qui veut.

Le pays attend des actes, pas des mots. Le pays attend des actes immédiats, pas des promesses à tenir aux calendes grecques. L’indexation des retraites est une bonne idée à condition qu’elle intervienne à la fin mai. Si elle est programmée pour juillet, elle fera pschiit  trop peu, trop tard. C’est le piège de la parole quand on croit que formuler, c’est faire.

C’est pour cette raison que Macron a évacué les corps intermédiaires. Un maire de village, un syndicaliste savent qu’ils seront jugés à l’aune de leurs actes et ils se méfient des mots non suivis d’effets qui témoignent seulement de leur impuissance.


Le Président est désormais vu comme impuissant.

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