Jolie analyse de Jean-Claude Guillebaud ce jour sur le mode
de gouvernement d’Emmanuel Macron. Analyse biaisée car l’auteur est fin
écrivain et accorde trop d’importance aux mots.
L’analyse du macronisme est pourtant simple : écouter
les mots et répondre aux mots par d‘autres mots. Point d’actes. Le macronisme
est l’art du babillage.
On en a d’autres exemples du même tonneau. Pepy confronté à
une série de retards de trains crée une direction de la communication sur les
retards. Motif : les voyageurs se plaignent du manque d’information.
Il ne vient à l‘idée de personne qu’aucun voyageur ne se
plaint d’un manque d‘information sur les trains qui sont à l’heure et que la
plainte est consubstantielle au retard. Que Pepy fasse son boulot qui est de
garantir l’exactitude des trains et il pourra fermer sa direction de la
communication.
Mais voilà : pour les managers modernes, parler, c’est
agir. Voilà des années qu’on communique sur les retards de l’EPR liés à des
difficultés de soudure. L’EPR chinois fonctionne : d’un côté on
communique, de l’autre, on soude.
Les medias ont responsables de cette situation. Journalistes
et politiciens sur-valorisent les mots qui sont leur fonds de commerce. Au
point qu’un beau discours expliquant un échec patent vaut plus qu’une phrase
lapidaire sanctionnant une réussite.
A cet égard, le Grand Débat a été caricatural. Trois mois
d‘accumulation de mots et pas une mesure immédiate et efficace. La presse a
vanté la performance présidentielle qui consistait à parler six heures de rang
sans que rien ne suive. Le peuple en était ébahi : il n’avait pas voté
pour recevoir un cours magistral mais pour changer sa vie.
On ne peut en vouloir à Macron. C’est ce qu’il a appris à l’école : discourir longuement et
sans notes afin de prouver sa
connaissance du sujet. Gouverner, c’est parler. Il a construit son gouvernement
autour de ce paradigme. Bien entendu, c’est faux Gouverner, c’est agir même si
la parole a sa place dans l’action : l’appel du 18 juin n’est pas
indifférent mais n’est pas de Gaulle qui veut.
Le pays attend des actes, pas des mots. Le pays attend des
actes immédiats, pas des promesses à tenir aux calendes grecques. L’indexation
des retraites est une bonne idée à condition qu’elle intervienne à la fin mai.
Si elle est programmée pour juillet, elle fera pschiit trop peu, trop tard. C’est le piège de
la parole quand on croit que formuler, c’est faire.
C’est pour cette raison que Macron a évacué les corps
intermédiaires. Un maire de village, un syndicaliste savent qu’ils seront jugés
à l’aune de leurs actes et ils se méfient des mots non suivis d’effets qui
témoignent seulement de leur impuissance.
Le Président est désormais vu comme impuissant.
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