mardi 24 décembre 2019

LE VIEILLARD QUI MEURT

On disait ça au siècle dernier : un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. Et tout le monde chouinait sur tout ce savoir qui disparaissait. Surtout dans les pays émergents. Forcément.

Dans le même temps, des tas de professionnels sciencepotards s’acharnaient à détruire des savoirs pour une seule raison : le salarié qui sait pèse plus lourd sur le bilan que l’ignorant. Le savoir détruit les bénéfices.

Comme la présence. Et donc la nouvelle doxa, c’est la mobilité. Un bon salarié est un salarié qui bouge. En ce moment, on n’entend que ça : l’horreur du salarié qui ne change pas de boite. Ce n’est pas  verbalisé ainsi. On nous explique que la carrière linéaire, c’est fini. La norme, c’est de changer de boite, voire de profession. Que le salarié ait créé des relations de confiance, voire d’amitié, avec clients et fournisseurs, est dangereux. Plus il sait, plus son départ est handicapant. On ne va pas virer un mec qui peut passer à la concurrence avec son réseau. Sauf a contrôler le réseau. Ce qui est possible dans un fonctionnement de classe. Remplacer un HEC par un autre HEC. Les petites mains circulent, perdent les avantages liés à l’ancienneté, sont enfermées dans des procédures qui dévalorisent leur savoir et leur expérience. Tout va pour le mieux dans un monde sans histoire.

La dévalorisation du travailleur atteint son apogée. On en a déjà parlé avec les garçons de café. Ce n’était qu’un début. Diplômes professionnels au rabais type « force de vente », non prise en compte des acquits de l’expérience, on fait semblant mais ça ne compte pas où ça compte : sur la fiche de paie ou sur le récapitulatif de carrière. Valoriser le travailleur pour valoriser les gains de l’actionnaire.

Voilà quelques décennies que la machine est en route. Quelques années que l’actionnaire n’est pas défini pour ce qu’il est : un rentier parasite détruisant la société qui l’héberge.

Reste la seule question qui vaille dans le parasitisme : est ce une symbiose ?

Le parasite vit bien. Mais il court toujours le risque de tuer son hôte ce qui entraine sa disparition.

Nous n’en sommes pas loin. Le capitalisme financier risque de s’apercevoir que ce qu’il prend pour un coût est indispensable à sa survie. C’est une vraie question que pose la réforme des retraites. L’idéal serait de jeter les retraités à la benne pour se débarrasser du coût humain. C’est le but final. On commence à s’en apercevoir.

Un pommier sans gui peut vivre. Le gui ne peut pas vivre sans pommier.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire