mercredi 18 mai 2011

DOMINIQUE, PHILIPPE ET STEPHANE

C’est une question qui me taraude : est-ce que Philippe Val va téléphoner à Stéphane Guillon, lui faire des excuses et le réintégrer à France-Inter ? Parce que, souvenez-vous, Guillon a été viré pour avoir affirmé avec humour que Dominique sautait sur tout ce qui bougeait. Et que Val a dit que c’était pas bien. Pas bien mais vrai. Si on ne peut plus dire la vérité sur une radio publique, où ira t-on la chercher ?

Depuis que Dominique est en prison, on est accablés de témoignages sur le thème « Tout le monde savait ». Non pas tout le monde. C’est comme la maladie de Pompidou et Mazarine Pingeot. Certains savaient. Moi, je savais pas. Je pouvais savoir que si ceux qui savaient parlaient. Au cas où vous l’auriez oublié, ceux qui savaient ont comme boulot de parler, de diffuser des informations qu’ils ont recueillies et de les transmettre au plus grand nombre. Le plus grand nombre, c’est ceux qui savent pas. Toi et moi. Et donc, ceux qui sont payés pour me dire ne m’ont rien dit. A quoi ça sert de les payer ?

Le seul qui m’ait dit, à sa manière d’humoriste, c’est Stéphane. Il bosse dans une radio, il baigne au milieu de ceux qui savent et qui chuchotent. Les infos cachées, il les avait. En toute logique, il savait, il bosse dans une radio, il a parlé. Viré !

La vraie question de l’affaire DSK, elle est là. Elle est inscrite en lettres de feu sur la chape de plomb du silence qui a enveloppé la personnalité du député de Sarcelles. Pourquoi se taire ? Parce qu’il est riche, puissant, influent ? Parce qu’il risquait de devenir Président et que tout le monde pétait de trouille à cause d’éventuelles vengeances ? Que peut-on penser de ces chiens couchés pendant tant d’années et qui se mettent à mordre quand le fauve est à terre ? Quelle indignité dans ces nanas qui, tout à coup, révèlent qu’il leur a mis la main au cul il y a longtemps et qui envisagent de porter plainte maintenant ! Les merdeux se joignent au lynchage quand les risques sont nuls. Il faut le dire : le seul qui puisse garder la tête haute, c’est l’humoriste Guillon. Le clown a sauvé la dignité des médias.

La vague d’hypocrisie s’apparente à un tsunami. On me passe en boucle l’avocat ripoliné de la présumée victime qui vient, la larme à l’œil, m’affirmer qu’elle pleure toute la journée et qu’elle est fortement traumatisée. C’est pas la vierge Blandine, tout de même ! Il y a longtemps qu’elle a vu le loup. Faut pas me raconter qu’une Africaine de trente balais, bien gaulée, vivait comme Ste Thérèse de Lisieux ! Que ce soit pas bien de lui sauter dessus, je peux admettre. Mais de là à dire que sa vie est foutue, y’a comme une marge. On se calme.

Celui qui se calmera pas parce que le calme est dans sa nature, c’est Philippe Val. Le calme, c’est à dire l’indignation contrôlée. Val s’est fait une situation en adoptant la stratégie du coucou. Il a squatté le nid occupé par Gébé et le Professeur Choron. Pendant des années, on a cru que sa position de directeur de Charlie-Hebdo valait brevet d’insoumission. Personne à ma connaissance, n’a jamais osé comparer le Charlie-Hebdo qui a nourri la pensée d’une génération, le Charlie-Hebdo de Gébé, Fournier, Choron, Siné, Reiser, le Charlie-Hebdo de Gros dégueulasse qui soutenait Coluche et la pâle copie qu’en a fait Val qui osait utiliser cette tribune magique pour inciter ses lecteurs à voter pour l’Europe ou à respecter la religion. Imagine t-on un pouvoir quelconque nommer Georges Bernier à la tête de France-Inter ? Ou ailleurs ? Et je ne parle pas de Siné.
Tout ceci est minable. Indigne. L’affaire DSK révèle un monde couché, vautré, un monde de pleutres, un monde à l’américaine qui cache les turpitudes et se rue au lynchage avec d’autant plus d’agressivité qu’il veut cacher ses peurs et ses silences coupables. On a même eu droit aux témoignages anonymes comme cette nana, Française, qui a croisé DSK à la réception de l’hôtel. Tu parles d’une info ! Anonyme. Comme les lettres qui arrivaient par sacs dans les Kommandaturs.

Non, je n’exagère pas. On en reparlera…

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