mardi 12 février 2013

A L’AGUERRE COMME A L’AGUERRE

Heureusement qu’il y a Findus !

Les lasagnes au cheval ont ceci de remarquable qu’elles remettent en lumière les pratiques de Barthelemy Aguerre, l’un des dirigeants de la coopérative Lur-Berri.

Parlez en à mes copains d’Ortzadar. Dans les années 2000, ils se battaient comme des malades contre l’élevage de Barthelemy Aguerre qui polluait la rivière à Luxe-Sumberraute. Condamné en première instance, Aguerre fut blanchi par la Cour d’Appel.

Il faut dire que Barthelemy Aguerre, c’est du lourd au Pays Basque. Conseiller général UMP du canton de Saint-Palais, vice-président de la coopérative Lur Berri, ami proche de Jean-Jacques Lasserre et de François Bayrou, suppléant de Jean Lassalle, il fait partie des quelques notables qui tiennent d’une main de fer l’agriculture productiviste du bassin de l’Adour. Dès qu’il est sur un dossier, la Nature est en danger. Projets de barrage, autoroutes qui balafrent les montagnes, TGV insupportable, amélioration du maïs, il est sur tous les coups.

Le dossier juridique d’Aguerre fourmille de mises en examen. Il était déjà dans le scandale de la viande avariée qui a éclaboussé Covi, un fabricant de produits cuisinés de Cholet. Après la mise en examen, en général, ça se calme. La justice est lente et Lur Berri dispose d’une pléthore d’avocats qui savent surfer sur le droit et mélanger allègrement problèmes sanitaires, activité économique et puissance politique.

Allez voir sur les sites de Lur Berri et de ses filiales Arcadie, Spanghero, Labeyrie. Ils chantent tous le même hymne au Sud-Ouest et à ses produits magnifiques, ses AOC, ses IGP, son savoir-faire millénaire et artisanal. Ce monde de Bisounours est là pour cacher les palettes qui arrivent de Roumanie, de Pologne ou de Hongrie. A près quoi, Aguerre, éleveur de bœufs, nous explique qu’il ne peut pas reconnaître le bœuf du cheval. Impeccable, comme défense !

Je me fous totalement qu’Aguerre empoisonne les gens. Après tout, si t’es incapable de cuisiner un hachis Parmentier, c’est bien fait pour ta gueule ! Le Parmentier, y’a rien de plus simple, rien de moins cher. Acheter du Parmentier, c’est carrément stupide.

Non. Le seul reproche qu’on puisse faire à Aguerre, c’est ce mensonge permanent, cette dissimulation, cette destruction des valeurs de la société paysanne, pire encore, la manière dont il utilise ces valeurs pour produire de la merde.

Il représente le degré zéro de l’alimentation. Moins que zéro même, vu qu’il vend surtout du congelé. Il appartient au monde coopératif qui est censé défendre les paysans et il importe de la viande de Roumanie dont le prix ridicule vient détruire le marché des éleveurs qui l’ont élu. Remarque, ils ont qu’a pas l’élire. Ils ont qu’à comprendre que si le prix de leurs belles Blondes d’Aquitaine glisse sans cesse vers le bas, c’est la faute du représentant qu’ils ont choisi.

J’ai honte. J’ai honte que le scandale Findus repose sur les épaules d’un mec de chez moi. J’ai honte de cette dérive productiviste et que ce fonctionnement quasi-mafieux ait son berceau entre Bidache et Saint-Palais.

Depuis des années, les agriculteurs basques demandent la création d’une Chambre d’Agriculture basque, précisément pour se dégager de la logique industrielle symbolisée par Lur-Berri qui a fait de la Vallée des Gaves un immense champ de maïs. La plupart des agriculteurs basques sont engagés dans une démarche de qualité, privilégient le bio, le vrai et les produits locaux. Depuis des années, Jean-Jacques Lasserre, Barthélémy Aguerre et leurs troupes refusent, appuyés sur leurs mandats électifs et forts de leur puissance politique et industrielle. Ce refus marque leur position, explique les dérives. Où irait-on si l’agriculture s’occupait de nourrir correctement les citoyens ?

Ce qui m’étonne, c’est le silence assourdissant de la presse. Périco Légasse, qui est basque, devrait savoir. Savoir et dénoncer . Les journalistes qui travaillent sur le sujet devraient savoir. Savoir et dénoncer. Qui a peur ? et de qui ?

Je sais : on est en pleine présomption d’innocence. Mais ce que je voudrais savoir, c’est combien de coopératives ou prétendues telles agissent comme Lur-Berri. Lur-Berri qui vient de racheter Labeyrie.

Après tout, la Roumanie produit aussi du foie gras.

On en reparlera…

PS : à coté de chez Barthelemy Aguerre, à Garris, tous les ans au mois d'août, il y a une Foire aux chevaux. On y vend surtout du cheval à manger, vous savez ? les mignons pottoka emblématiques du Pays basque. Ils finissent en saucissons, ou en lasagne. Il était pas dépaysé, Barthélémy, avec ses canassons roumains.

5 commentaires:

  1. Honte aux industriels irresponsables qui détruisent l'image exceptionnelle des vrais produits du Pays Basque, que nous aimons tant.
    Ils ont réussi à me dégouter du foie gras LABEYRIE (qui était extraordinaire en ...1972), du saumon fumé, bradé en grandes surfaces vu leur pauvre qualité et leurs colorants et additifs divers...
    N'achetez plus ces produits frelatés dont la provenance et la qualité sont incertaines.

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  2. bien d'accord...les acheteurs de Labeyrie ont centuplé le chiffre d'affaires en tuant les produits...mais les consommateurs ont suivi et approuvé par leurs achats..la vraie question est là...

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  3. Si les consommateurs ont suivi et approuvé par leurs achats jusqu'à là, c'était en vertu de la réputation initiale des marques et aussi de leur démocratisation en GMS !
    Mais n'oubliez pas, il faut 30 ans pour forger une bonne réputation et bien peu de temps pour la perdre !
    Bravo pour votre blog que j'ai découvert récemment, qui dénonce sans langue de bois, les travers de notre monde dit "moderne". Je vous invite aussi à citer l'intervention récente de Périco Légasse à l'émission TV sur la 5 de "C dans l'air"...

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  4. je n'ai pas été convaincu par l'intervention de Perico Légasse. Il doit connaitre les travers de Lur-Berri, vu ses origines. Mais, à un moment, il faut savoir dénoncer les hommes, nommément, surtout quand on est protégé par son statut de journaliste...

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  5. Mais il est pacifiste ce Périco : il ignore Laguerre.

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