dimanche 2 mars 2014

J'AIME POUTINE

J’aime Poutine. Je ne sais pas vous, mais moi j‘aime Poutine. Je sais, vous allez dire, c’est bizarre un type qui aime Poutine. Mais, moi, j’aime Poutine. Parce que j’aime quand les choses sont claires…..

En fait, j’aime Poutine comme j’aimais le Professeur Choron. Ces mecs qui bousculent le jeu, qui obligent à réfléchir, qui ne fonctionnent pas selon des cadres pré-établis. En général, on les trouve mal élevés, gênants, vulgaires. Si, si. Comparez Poutine et Choron, vous verrez, le fonctionnement est le même. Et Choron, il a été au ban des honnêtes gens jusqu’à ce qu’ils le récupèrent. A la fin. Trop tard.

Poutine, c’est un enfant du communisme. Mais plus personne n’imagine que le communisme existe encore. C’est un enfant de la guerre froide. Mais plus personne n’imagine que la guerre froide puisse revenir. Poutine, c’est un voyou, un mec qui ne respecte pas les règles qu’il n’a pas fixées. Comme Hitler. L’Ukraine, c’est les Sudètes. Pareil.

Il est clair : Il refuse les règles qu’on veut lui imposer. Quand c’est Milosevic, c’est pas grave. Quand c’est Poutine avec la puissance de la Russie derrière, l’Occident balise. On va pas faire la guerre à la Russie. Il le sait, Vladimir. Il sait bien que personne ne va oser. Tout ça, je l’avais déjà dit (http://rchabaud.blogspot.fr/2010/09/nous-avons-peur-dune-guerre.html) Remplacez Pékin par Sotchi, Medvedev par Poutine et Hu Jintao par Xi Jiping.

Alors, nous, on fait ce qu’on sait faire. On cause. On convoque l’ONU. Tu parles ! Poutine, il a son droit de veto. Alors, les résolutions de l’ONU, ça le fait marrer. Il envoie ses troupes en Ukraine. Il a le droit. Il a un traité avec l’Ukraine, il peut envoyer jusqu’à 25 000 mecs. Normal. Il a une base à Sebastopol, avec un bail permettant d’y rester jusq’en 2042. Une base, ça suppose des troupes. Bon, ça suppose pas que les troupes bloquent le Parlement de Crimée, mais on va pas chipoter.

En plus, la Crimée, ça a un statut spécial. Le nom officiel, c’est « République autonome de Crimée ». Autonome parce que rattachée provisoirement à l’Ukraine. Ben oui, la Russie a reconnu le rattachement en 1997 et pour dix ans seulement. Et donc, aux yeux des Russes, le rattachement c’est fini depuis 2007. D’autant plus fini que Sebastopol est une enclave en Crimée, voir ci-dessus. Tu vois le merdier juridique ?

A cela, s’ajoutent les Tatars. Quand j’étais en Crimée, les Tatars, c’était un problème dont tout le monde m’a parlé. En gros, les Tatars, ils avaient un peu collaboré avec Hitler. Et donc, Staline les avait exilés. En Sibérie. Après l’indépendance, ils sont revenus. Et ils ont recommencé à faire des affaires avec leurs voisins turcs. Ils s’enrichissaient et les Ukrainiens pauvres faisaient la gueule. A qui ça sert de se battre lors du « second siège » (c’est comme ça qu’on dit), si les anciens adversaires deviennent plus riches que toi ?

A Simferopol, j’ai participé à une manif réclamant le retour du Parti Communiste. Une vraie grosse manif, avec drapeaux rouges et effigies de Staline. J’ai raconté ça dans l’immortel Ailleurs, c’est comme ici, le livre de voyages qui vous permet de tout comprendre sans bouger votre cul du canapé. Juste pour dire que juridiquement, c’est indémerdable et que Poutine le sait. A chaque traité, il peut sortir un traité qui dit le contraire. Et donc, ça sert à rien de discuter. D’autant que Poutine, il aime pas discuter, ça le fatigue. Au fond de lui, c’est un chasseur, Poutine. En Crimée, il sait qu’il est attendu comme le Messie. Pas qu’en Crimée. A Kharkov ou Donetsk aussi. Toutes ces villes qui vivaient de la métallurgie au temps où le grand frère russe achetait l’acier ukrainien. Là-bas, l’époque soviétique, c’était l’âge d’or. Alors, les mecs, ils nostalgisent, faut les comprendre.

Et puis Poutine, il est riche. Plus riche que nous. L’Ukrainien de base, il compare la Russie en pleine expansion et l’Europe en pleine récession. Il a fait son choix, tu peux me croire. L’euro-Ukrainien, il est coincé. Il sait bien qu’on ira pas faire la guerre à Poutine. Il se sent un peu baisé. Les USA, il y croit pas trop non plus. Au moment des élections, en 2004, y’avait un parti qui avait dans son programme de devenir un Etat américain. Ils faisaient un peu rigoler, les mecs. Aujourd’hui, c’est la marrade intégrale. MDR !!!

Personne n’a envie de mourir pour l’Ukraine. Personne n’a les moyens de mourir pour l’Ukraine Personne n’a même les moyens d’infliger des sanctions économiques à Poutine. Il lui suffit de fermer le robinet de gaz. Alors, Fabius se gonfle de rodomontades, BHL se tait mais c’est provisoire. Kiev, c’est pas Damas. Remarque, à Damas, Poutine nous a testés. Il a vu, il a su.

Comme disait saint Paul, le chemin de Damas, ça existe. C’est la route qui mène à Kiev.

On en reparlera….

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