mercredi 13 janvier 2021

ÉCOLOGIE ET VIRUS

 On n’en a pas fini avec ce virus. On n’en a pas fini avec tous les virus. Ce qui saute aux yeux, pour l’observateur extérieur, c’est l’ignorance totale dans laquelle nous sommes de l’écologie des virus. Personne n’explique pourquoi un virus tropical fonctionne avec une saisonnalité  hivernale en zone tempérée : notre biotope est le paléarctique. La division en écozones est largement pragmatique mais elle est fonctionnelle. Il n’y a aucune raison qu’un être vivant y échappe.

 

Nous avons un extraordinaire instrument de connaissance écologique : le Museum national d’Histoire naturelle. Deux siècles d’accumulation de connaissances, de faits liés à la science du vivant. Deux siècles d’échanges car le MNHN est avant tout un lieu d’échanges : tu bosses sur un coléoptère inféodé à une fougère, tu fais cinquante mètres et tu entres dans le bureau d‘un spécialiste de cette fougère. Ou tu prends un café avec lui à la cantine.

 

Fondé à la Révolution pour gérer les collections royales, le MNHN est organisé en chaires suivant la classification de  Linné. Problème : Linné n’a pas classé les virus et donc, il n’y a pas de chaire des virus. Il est plus que temps de réparer cet oubli. On va en avoir besoin.

 

Mais on a des virologues ! Non. On a des médecins qui bossent sur les virus affectant l’homme. Pas sur les virus des pangolins tant qu’ils n’ont pas franchi la barrière spécifique. Entendons nous bien : il s’agit d’écologie des virus, de comprendre où et comment ils vivent, se multiplient et mutent, qu’ils affectent l’homme ou pas. C’est le bonheur de la science du vivant. Un bout d’ADN qui se déplace et tout change, même et surtout la transmission et l’hôte qui transmet. L’écologie n’est pas fixe. C’est comme ça que marche l’évolution : un poil de réchauffement et un virus endormi se réveille pour dézinguer une population qui n’attendait que lui.  Si c’est des pangolins, on s’en fout. Si c’est nous…..

 

Si tu me crois pas, tu peux toujours lire le dernier chapitre de Bakker où il explique que (1) les dinosaures n’ont pas disparu et que (2) les dinosaures éteints ont été rayés du monde par les virus. Ben oui, c’est comme ça que marche le vivant. Cette semaine, on s’étonne qu’un chiroptère ait collé la rage à un homme. Ça fait un moment que la transmission est connue, mais le renard était un coupable plus facile à punir, et plus rentable. Les conditions de l’observation comptent autant que l’observation. Même avec les dinosaures.

 

Mais une chaire de plus au Muséum, ça va coûter !! Oui. Moins qu’une campagne de vaccination. Chacun ses priorités.

 

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