samedi 27 juillet 2013

FUMEUR, PÉDÉ, OUI, NON.

Ça m’est venu comme ça, en réfléchissant tranquillement. Vous savez ce que c’est ? On regarde le monde, on manipule les choses et, tout à coup, plouf ! l’idée arrive. Le côté Géo Trouvetout du sémiologue.

Juste comparer deux situations. Je suis petit, je suis entouré de fumeurs et la honte majuscule, c’est l’homosexualité. Fumeur, oui. Pédé, non. Je suis vieux (pas pour moi, mais c’est pas grave), le miroir s’est retourné : pédé, c’est normal, fumeur, c’est caca. On marie les pédés et on poursuit les fumeurs. Quarante ans pour que la situation se retourne. A la louche, les évolutions sont concomitantes.

J’exagère pas. Il y a un indicateur, c’est la télé. Quand on y parle sodomie, tout baigne, on défend, on comprend, on approuve pas tout à fait, mais c’est cool. Que le sujet soit le tabac et les mouches changent d’ânes. On va chercher les autorités (on les connaît, Got, Dautzenberg, Huchon) pour mener le combat contre l’immonde fumeur. Mais qui va mener le combat contre le sodomite ? Personne, à part quelques histrions ridicules. Y’a pas de combat. Mais où donc les courbes se sont-elles croisées ?

Ho ! t’exagères ! C’est pas pareil Je sais bien que c’est pas pareil. Je connais des homosexuels fumeurs. A dire vrai, pas beaucoup, mais ça existe. Mais ils sont stigmatisés comme fumeurs, pas comme homosexuels. Et le vrai problème est là. Dans la stigmatisation. Tiens la fameuse photo de Barthes avec son cigarillo et son oeil plissé. On la voit plus. Du temps où on se fréquentait, il cachait "la déesse H" pas les cigarillos envoyés par Brecht.

Mais alors, t'es homophobe ? Rien à voir. Même que je suis vachement content que la situation ait évoluée. Cacher son homosexualité était une souffrance. Barthes (encore lui) a écrit des pages superbes là-dessus. La question est : pourquoi peut-on désormais faire ce qu'on veut de son sexe et pas de ses poumons.

On devrait faire une enquête chez les DRH, avec une seule question : vous préférez engager un homosexuel ou un fumeur? J’ai une idée de la réponse.

Faut pas croire que je délire. Je cherche simplement les éléments objectifs qui permettraient de rendre compte de cette double évolution : l’acceptation sociale de l’homosexualité et la stigmatisation du tabac.

J’y vois en premier lieu la valorisation du corps. L’homosexuel fait généralement attention à son corps et à son aspect physique et notre temps valorise le corps avant tout. On en a déjà parlé (http://rchabaud.blogspot.fr/2013/07/arno-breker.html). A l’inverse le fumeur s’en fout. Il a les dents et les doigts jaunes, une haleine de chacal et il s’en tamponne.

C’est la marque cardinale du politiquement correct. Tu peux être d’une inculture crasse, ta conversation ne pas dépasser le commentaire de la Star Ac’ d’hier, c’est insignifiant, au sens plein. Ça n’a pas de sens. Le sens gît dans tes chaussures et dans la capacité que tu as de te fondre dans le groupe. Dans la plupart des actions de la vie quotidienne, les préférences sexuelles n’interviennent pas. Le tabac, oui. L’homo s’est fondu dans le troupeau de Panurge, le fumeur a insisté pour s’en détacher, encore et toujours.

Bon, c’est juste une remarque comme ça. De l'interrogation sociale à la fourche...

On en reparlera…

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