mardi 17 février 2015

FAIBLESSE DE LA CHINE (1)

La Chine est faible, en fait. Pas pour les raisons généralement mises en avant.

La Chine est faible parce que les Incroyables sont en train de prendre le pouvoir. Elle suit, en fait, le chemin que prit la France après la mort de Robespierre et Saint-Just.

J’aime bien voir un cousinage entre Mao et Robespierre. Dans les deux cas, seule compte la Nation, seul vaut le bien public. Et la punition est impitoyable à ceux qui dévient de la ligne. A la morale républicaine se superpose une morale individuelle, faite de chasteté, de frugalité, de dévouement.

Après la mort brutale de Robespierre, le balancier se déplaça et le Directoire se lança à la poursuite effrénée des plaisirs. Mao a eu des successeurs, des vieux communistes qui en avaient bavé et n’étaient pas prêts à céder aux sirènes de la jouissance. Sans compter qu’à leurs âges, le plaisir comptait moins. Et, par voie de conséquence, il y a eu un temps de latence. Mais j’ai le sentiment que nous y sommes.

Ça m’a sauté aux yeux hier lors d’une réunion avec une jeune femme qui m’a dit que son modèle de réussite et de vie étaient les USA. D’un seul coup, on n’avait plus rien à se dire. Je me sentais plus Chinois qu’elle. Elle tenait le discours commun chez les jeunes Chinois. Le discours de Madame Tallien. Un discours amoral.

La Chine est faible parce qu’elle n’a plus de morale. Le PCC a longtemps été un parti « dur », c’est à dire moral, proche de la morale antique (ou romaine). Depuis quelques années, cette pensée se délite en Chine. D’où la lutte anti-corruption de Xi Jiping dont on peut se demander si elle n’arrive pas trop tard.

Aujourd'hui, si morale, il y a, elle est confucéenne et Mao avait raison : Confucius est un danger. N’oublions jamais qu’il écrit quelque part qu’il est légitime de voler l’Etat pour nourrir son vieux père .Du vieux père à la jeune maîtresse, le chemin est court.Plus court encore, de la nourriture frugale à la Ferrari flamboyante.

Les Chinois au pouvoir ont oublié que leur réussite n’était possible que parce que le gouvernement avait bâti un cadre marxiste qui leur donnait les moyens et les outils de cette réussite. Ce n’est pas d’être Chinois qui fait leur succès, c’est d’être Chinois ET communistes. A singer les Américains, ils n’arriveront qu’à s’affaiblir comme les USA se sont affaiblis.
Après le Directoire vint Napoléon. Le balancier se déplaçait encore. On peut penser que Xi Jiping n’a guère le choix. Il va lui falloir remettre la morale au centre du gouvernement. Après tout, Mao l’a fait avant lui. Les conditions ne sont pas exactement les mêmes, mais l’action devient urgente. On ne peut pas bâtir l’avenir d’une Nation sur la recherche du plaisir. Les médias occidentaux vont hurler, bien entendu.

On voit des choses insensées : les Chinois les plus riches abandonnent leur nationalité pour préserver leur fortune. Quelle confiance leur accorder ? Si la Chine abandonne son sens de la Nation, alors, elle est fichue. Comme les pays occidentaux pour lesquels, la Nation est une gêne.

Pour Xi Jiping, la voie est étroite et les ennemis nombreux. Trop nombreux ? Je n’en sais rien. Mais il dispose encore de troupes qui conservent leur sens moral.

Mais il y a d’autres faiblesses.

On en reparlera…

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