Je ne le connais pas. Il est vrai qu’il est mort. Mais il
soulève en moi des questions.
Il est franc-maçon affilié à la loge bayonnaise La Zélée où
il est chargé de la Colonne d‘Harmonie. Il est vrai qu’il enseigne le violon,
au 25 rue Majour (aujourd’hui rue d‘Espagne). On le dit originaire de
Montauban, comme Ingres, autre violoniste connu. Je ne suis pas allé plus
loin : il est une recherche collatérale dans mes priorités.
C’est à lui que le père Alard confie l’éducation musicale de
son fils Delphin. Nous sommes au début des années 1820. Et voilà qu’à douze
ans, le jeune Delphin Alard exécute à merveille une sonate de Viotti devant un
public mélomane et médusé. Jusque là, rien d’admirable : un gosse doué
confié à un bon professeur. Delphin Alard rejoindra la classe d’Habeneck,
obtiendra un Premier Prix du Conservatoire national où il deviendra professeur
de violon avant de devenir le prof de Sarasate. La filiation est intéressante.
Mais voilà que notre prof conçoit un fils, Jules, né en
1820, et auquel il va enseigner le violon. Naturellement, Alard le prend sous
son aile, mais pas très longtemps : les deux jeunes gens sont trop
différents. Alard crée avec Franchomme un quatuor de musique de chambre
romantique qui devient un élément important de la musique du Second Empire. Les
concerts d’Alard-Franchomme (deux profs au Conservatoire) sont prisés de la
bourgeoisie parisienne. Jules Armingaud, pour sa part, ne mange pas dans
l’écuelle du pouvoir. Il a participé aux journées de 1848 avant de créer avec
Edouard Lalo, le quatuor Armingaud-Lalo, politiquement progressiste. Jules est
le violoniste préféré de George Sand qui l’invite souvent à Nohant.
Les deux quatuors sont souvent en rivalité. Non sur le plan
musical qui suscite peu de critiques, mais essentiellement sur le terrain de
l’idéologie. Les conservateurs du Conservatoires sont défiés. par les musiciens
libres. Ils cherchent les meilleurs musiciens du temps : Alard travaille
avec Francis Planté quand Armingaud embauche Madame Français, lilloise et amie
de Lalo.
On peut gloser sur cette rivalité à condition de se souvenir
qu’un même arbre a porté ces deux fruits. Les deux quatuors ont surtout suscité
des émules, des dizaines de formations vouées au quatuor romantique.
D’où cette évidence : Bayonne a été le berceau du
quatuor romantique français et Armingaud en est le père.
Sur la Côte basque, toutes les sociétés de mélomanes
organisent des concerts où le quatuor se taille la part belle. Il existe une
jolie section de musique de chambre au Conservatoire de Bayonne. Rien, ni
personne, n’évoque jamais Jean-François Armingaud.
Il faut toujours un vieux ronchon pour parler des racines.
On nous bassine avec Sarasate. Le gamin Sarasate est né en Navarre. Le berceau du
musicien est posé aux rives de l’Adour
Il fallait que ce fut dit : au moins une fois
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