C’est reparti ! Pas vraiment, ça ne s’était pas
vraiment arrêté. Et la situation est bloquée.
Je ne change pas mon analyse. Et d’abord qu’il n’y a rien à
analyser car la parole est bloquée. Personne ne le dit, car tout le monde veut
parler mais ce qui saute aux yeux, c’est l’impossibilité de communiquer.
Selon le gouvernement, relayé par les journalistes, il a été
débloqué 10 milliards pour le peuple. Le peuple regarde et dit : Mais où
sont ils ? Ce qui ne l’aide pas à croire le discours. A quoi, on répond en
parlant de pédagogie, posant ainsi en prémices que certains savent (les
pédagogues) et d’autres pas. Et donc, certain discours sera légitime, l’autre
pas. Pour construire une passerelle, c’est pas le meilleur moyen.
J’ai envie de prendre le Président par la main et de
l’emmener à la ZUP. Seul. Le service de protection rapprochée, je l’ai. Mes
copains du COB sont plus fiables que Benalla. J’ai aussi les interprètes, ceux
qui diront au Président : Là, ça va pas. On comprend rien. L’argent, il
est où ?
Et peut être que le Président comprendra cette évidence. A
Sciences Po, on n’apprend pas à parler au peuple. On apprend à parler du
peuple, mais ça n’a rien à voir. Je ne veux pas faire de simplification extrême
mais rien de ce que dit le gouvernement n’est audible. Ce n‘est ni le style, ni
le vocabulaire. Ils le savent, les Gilets jaunes : Ils nous enfument.
C’est le mot qui revient le plus : enfumage. Normal : le Président
promet 100 euro, la presse commente : dix milliards…et rien sur le compte
en banque. Il nous enfume. Comment le dire autrement ? On me promet 100
euro, on m’accuse de couter dix milliards et j’ai pas une thune de plus sur mon
compte.
A partir de là, on voit, avec effarement, le gouvernement
promettre un débat et les manifestants le refuser. Ils savent bien que débattre
ne sert à rien quand on ne parle pas le même langage. Ils vont nous enfumer.
Voilà longtemps que le lien est défait entre les mots et les
choses. Désormais, il est défait entre les mots eux-mêmes. La langue, en
politique, sert aux Sciences Po de gauche pour communiquer avec les Sciences Po
de droite. Les « corps intermédiaires » (novlangue qui désigne les
syndicalistes) ont adopté le même registre linguistique afin que l’Etat les considère
comme des interlocuteurs acceptables. Moyennant quoi, le peuple les a
abandonnés. Quand Henri Krasucki parlait de grève, le peuple se sentait
défendu. Fini… Ce n’est pas une avancée démocratique.
Les journalistes ont fait les mêmes écoles que les
politiques et ils parlent le même langage. Par voie de conséquence, le peuple
les met dans le même sac. Qu’attendre d’autre ? La haine du politique
retombe sur les journalistes. C’est la haine de Sciences Po, la haine du
discours abscons.
J’écoute avec inquiétude les partisans d’un bord et les
tenants de l’autre. Le gouffre est patent, les arguments inconciliables. Est-il
utile d’avoir tant de communicants pour ne plus savoir communiquer ?
C’est que la communication consiste d‘abord à dévaloriser l’autre, en lui collant
des étiquettes infamantes ou supposées telles.
C’est ainsi que « populiste » est devenu un
synonyme de « fasciste », ce qui a le double avantage de dévaloriser
autant le locuteur que le peuple qui l’écoute. Il faut parfois faire un peu de
linguistique. Qu’est ce que le populisme ? D’après le CNRTL, «
tout mouvement, toute doctrine faisant appel exclusivement ou
préférentiellement au peuple en tant qu’entité différenciée ». Rien à
dire. Presque. Les marxistes ont été les premiers à combattre le populisme qui
chassait sur leurs terres. Le problème, c’est « indifférencié ».
C’est pas prolétariat ou classe ouvrière, les marxistes aimaient pas. Le peuple
comme un mélange. Nous y sommes.
Le peuple comme cible. Un leader populiste sait parler au
peuple, il sait se faire comprendre du peuple. Merde ! C’est plus de jeu.
A quoi ça sert de faire des études si c’est pour parler dans les
ronds-points. ?
Il n’y a donc plus de leader populiste. C’est vulgaire.
Personne n’en veut, ni les libéraux ni les marxistes. Y’a bien Mélenchon qui
s’efforce. Mais il est moins bon que Tapie. Lui, il sait parler au peuple. Il
en vient, il a baigné dedans. Tapie, c’est la revanche des footeux.
On n’a pas fini d’en reparler
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