La mode est aux blogs « culinaires ». Je mets les
guillemets pour introduire un peu de distance. Ce sont des lieux où on parle peu de
nourriture et fort peu de cuisine.
La cuisine est l’art de l’excès, comme la littérature. On
attend de l’écriture gastronomique qu’elle conduise à l‘apoplexie, comme l’art
qu’elle magnifie. Je suis étonné que ce mot splendide, apoplexie, ait disparu
du vocabulaire. On ne meurt plus d‘apoplexie, on ne meurt plus de trop de nourriture.
Deux fois l’an, plus ou moins, Pierrot nous invitait à un
coq au vin. C’était son Graal, son exploit olympique, sa face nord. Il m’avait
expliqué dès la première fois : il fermait la cocotte d’un boudin de pain
« pour ne perdre aucun fumet ». Quand il posait la cocotte sur la
table et qu’il l’ouvrait, seuls un ou deux privilégiés pouvaient jouir de
l’odeur qui s’en échappait. « Fais gaffe. Normalement quand tu respires,
ça doit te foutre un coup au cœur. Si tu t’évanouis, c’est mieux ». Et j’ai
ressenti le coup au cœur, comme une constriction de tout le thorax. Grâce à
Pierrot, l’orgasme culinaire a pénétré dans ma vie. Dieu existe : Pierrot
est mort d’une crise cardiaque après un coq au vin. Dieu ne pouvait pas faire
de moins.
Quand je regarde notre Président, je pense à Pierrot. Ils
n’auraient pas pu se comprendre. Pierrot aurait pu se mettre à table avec
Herriot, Auriol ou Jaurès sans parler de Clémenceau. Avec Macron, non. Je ne
parle pas des ministres féminins qui doivent être, toutes, en limite de
véganisme, vu comment elles sont maigres. On demande à un politique de bâfrer la vie, pas de chochotter sur
les calories. D’ailleurs, la revendication que j’entends ad libitum est
toujours la même : « On ne peut plus remplir le frigo ». T’as
entendu, Manu ? C’est la première demande. Pour la suite, ils exigeront le
chapon landais à la place du poulet brésilien et c’est normal. Mais le frigo
sera plein. Quantité d'abord.
On peut dater la rupture et c’est Chirac. Le Président qui
préférait la tête de veau. Comme Mitterrand se régalait d’ortolans et du boudin
de Christian Parra. Après vinrent Sarkozy, l’homme qui sentait le fast food et
Hollande, le Président au régime. La France était foutue.
Certains voudraient que les Français se reconnaissent en un
Président qui ne parle pas comme eux et qui ne mange pas comme eux. Même pas en
rêve.
Je suggère à Sciences Po de créer une chaire de bouffe
politique qui permettait de rapprocher les élites du peuple. Parce que la
petite que j’écoutais ce matin, la spécialiste des mouvements sociaux qui mettait en avant « l’horizontalité
de la structuration », personne ne la comprend, à part ses copains. En
plus, elle disait des conneries vu que le matin du 14 juillet, Camille
Desmoulins et ses copains ils avaient pas structuré leur horizontalité. Ce qui
ne les empêchait pas d’être bourrés. L’intelligence en politique passe autant
par la biture que par le discours. C’est sûr que c’est pas bien de le dire.
Mais c’est sûr aussi que faire avancer la société, ça passe par les actes plus
que par la parole. Et que, pour avoir des électeurs, il vaut mieux parler comme
eux. Un homme politique n’est ni un enseignant, ni un curé.
Mais, c’est une prime au populisme !!
Peut être. C’est le peuple qui décide. Et me parlez pas de
l’élection d’Hitler, c’est une vieille lune qui porte sur la manière dont un
mec a trompé l’opinion. Les Allemands ont voté Hitler parce qu’il leur a caché
qu’il était végétarien.
Et le peuple, même allemand, n’aime pas les végétariens
On en reparlera
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