jeudi 20 décembre 2018

XI JIPING, ORWELL ET LE PANDA

Bien… Les obsédés de la réponse immédiate s’excitent. Un incertain Romain Franklin fait le buzz avec un « documentaire » consacré à Xi Jinping, la plupart des messages affirmant qu’on est au-delà d’Orwell. Mazette ! Quelle référence !

Mais qui est ce Romain Franklin ? Personne. Il se définit lui même comme You Tubeur ce qui en dit long sur sa formation ou plutôt son manque de formation. Pas orientaliste, pas sinologue, élève de personne. Il s’est fabriqué seul avec des articles d’une faiblesse pathétique sur Falun Gong ou la situation en Corée du Nord, articles publiés par Marianne ou Libération, peut être par erreur. De la Chine, il ne sait rien et découvre dix ans après qu’elle a acheté le port du Pirée. Information susurrée, mais par qui ? Tout ceci sent l’inculte manipulé mais aussi financé.

Franklin cosigne le documentaire avec une tout aussi incertaine Sophie Lepault dont la carrière orientaliste est tout aussi ténue. Les intervenants français incluent l’incontournable Raffarin qui a du moins l’avantage de suivre le dossier depuis longtemps, Laurent Fabius ou un journaliste du Monde qui a été cinq ans correspondant de l’AFP à Pékin. La seule orientaliste sérieuse qui apparaît au générique, mais pas à l’écran, est Marie Holzman qui s’est fait une spécialité de la critique tous azimuts de Pékin depuis de nombreuses années. En réalité, le film a été conçu presque sans universitaire alors qu’ils sont les seuls à suivre la question. J’exagère : trois politiciens anglosaxons et un Français que je ne connaissais pas, prof à l’université baptiste de Hong Kong. Un missionnaire laïque, c’est pas le meilleur  choix. Pour faire bonne mesure, deux diplomates américains à qui on a envie de demander s’ils ont sérieusement informé leur gouvernement.

A l’image, des services d’archives : rien de nouveau, tout est organisé en fonction du message : les Chinois sont méchants et ils veulent conquérir le monde. Avec toutefois de sérieuses distorsions : Xi Jiping souffrirait du syndrome de Stockholm depuis la Révolution culturelle. Freud au générique.....

La référence à Orwell fleure également la manipulation. Orwell était un bon écrivain mais un politique affligeant, sautillant du POUM au socialisme christianisé, accusé d’avoir dénoncé des communistes aux services secrets anglo-américains mais, in fine, essentiellement antistalinien sans colonne vertébrale théorique. Il a déjà été utilisé comme arme anti-chinoise par Pierre Ryckmans au moment de la Révolution culturelle, avec un certain succès. Sortir Orwell contre Xi Jiping n’est pas une bonne idée car ça n’a pas marché contre Mao, malgré la notoriété de Ryckmans. Rien de neuf sous le soleil.

Tous les lecteurs de mon blog connaissent depuis longtemps les infos dont les auteurs sont si fiers. Il n’y a jamais eu de la part des Chinois, une quelconque duplicité. Raffarin le dit comme moi : tout a toujours été sur la table, il suffit de lire. Mais on retrouve quand même le gommage du principe de base. Le monde selon Xi Jiping vise à abolir le capitalisme. Curieusement, le mot n’est pas prononcé une seule fois. Par contre, le nationalisme, cette tarte à la crème, est sans cesse mis en avant. Nous savons tous que le nationalisme est une composante essentielle du maoïsme, ça a toujours été sur la table également. Et le baptiste prend un air professoral pour rappeler le concept de Front Uni. Nous en avions parlé également voici trois ou quatre ans.

L’émission d’Arte est totalement sans intérêt ce qui n’est pas grave. En revanche, ce qui est grave, c’est l’idéologie sous-jacente. La défaite américaine est la défaite du monde. NON. Le poids des USA sur nos vies est un fardeau dont nous devons nous débarrasser. Ils nous ont englués dans un mode de vie et un mode de pensée destructeurs pour la civilisation européenne. Ils ont inventé ce concept de globalisation qui est le déguisement du capitalisme le plus sauvage et le plus inhumain. Ils veulent détruire notre diversité comme ils ont détruit la leur. Leur culture existe grâce aux Afro-Américains qu’ils ont évacués des scènes et des librairies comme ils avaient évacué les Amérindiens de leur histoire.

Il ne faut pas être naïfs. La Chine ne veut pas conquérir le monde, elle croit fermement que rien ne vaut l’Empire fleuri.  Elle veut simplement que le monde accepte l’idée que la Chine est la seule civilisation capable de créer le bonheur. Et je dois dire que le bonheur naitra plus facilement du ragout de langues de canard que du hamburger blafard.

Comme me l’a dit un jour un député chinois (communiste) : notre Panda doit remplacer la souris américaine dans l’esprit des enfants.


C’est la revanche de Chantal Goya……

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