samedi 22 décembre 2018

LA HAINE

Ça, je l’aurais pas cru. J’écoute pas mal de reportages, de micros trottoirs. Au delà de la fracture discursive qui fait que personne ne comprend personne, je perçois dans les mots une vieille invitée des discours politiques : la Haine.

Même si la Parole semble encore passable, il y a des accents, une trémulation perceptible, la perception d‘un discours épuisé qui signifie un désir de mort. On parle, on continue de parler pour contenir la haine, raccourcir la laisse qui la tient coite. Mais les actes suivent : ce matin, un nouvelle affiche a vu le jour : Macron Méprisant de la République. Ce matin, on a décapité l’effigie du Président. Jamais, je n’avais ressenti une telle haine, même en 1968 où De Gaulle avait capitalisé sur ce thème. Il y avait une haine, mais en face il y avait une Histoire. Nous ne sommes pas à Carnaval quand on sacrifie les dirigeants pour de rire. Le peuple ne rit plus.

Les commentateurs se demandent si Macron a su choisir les mots. Ce n’est pas la question. Le peuple ne veut plus  de mots. Il veut des actes, des actes forts. Un acte de contrition ne suffit pas, il y faut de l’humiliation. Le peuple attend un Président à genoux. Devant lui.

Le peuple attend que Macron choisisse son camp, qu’il inverse ses priorités. Le peuple sait qu’il y a de l’argent, l’argent que son travail produit, et que le Président a les moyens d’en modifier les flux. Le peuple attend une vraie politique fiscale et l’arrêt de la fraude.

Je me souviens de la première guerre du Rwanda, en 1974. Les Hutus, plutôt petits, attrapaient les Tutsis et leur sciaient les jambes pour remettre l’égalité dans les tailles. C’était un peu rustique, mais ça avait du sens C’est ainsi que réagissent les peuples. Les dirigeants devraient le savoir.

Les dirigeants devraient comprendre que les employés smicards d’Auchan ou Saint Maclou ne peuvent tout simplement pas comprendre que la famille de leurs propriétaires vive en Suisse, échappe à l’impôt et refuse de les augmenter. Il est inutile d’expliquer la situation, voire de la justifier, nous sommes dans le ressenti de l’absence de morale. Comme avec Vinci qui leur vide les poches avec une constance admirable. Légalement, fiscalement, tout est bordé. Moralement, nationalement, c’est perçu comme une honte. C’est ainsi que brûlent les péages.

Le peuple sait que les lois se changent, que l’Etat est souverain et qu’il peut sortir des traités qu’il a signés. Le peuple voit son Président réveillonner au milieu de nos armées et se demande combien Juncker a de divisions. Le peuple se donne un Président pour qu’il le protège, puis il le voit protéger ses copains qui sont tous des coquins. Aux yeux de nombreux commentateurs, le peuple est bête. Mais il est majoritaire.

Macron a les cartes en mains.  Ce sont ces cartes qui rendent le peuple haineux. Il a un côté sympa, Macron. Pour protéger ses copains capitalistes, il accepte qu’on décapite son effigie. Il n’a pas compris que quand ce sera « pour de vrai », ce sera trop tard et qu’aucun de ses copains ne se précipitera à son aide. Il n’a pas capté que « pour de vrai » pouvait être vrai.

Après la Saint Sylvestre, la Haine sera toujours là. Plus forte, s’il est possible. C’est ce que je crois. Pendant dix jours, l’info va circuler. Partisane, souvent fausse, toujours biaisée Toutes ces infos viendront enrichir la haine. Tous les démentis aussi. Le Président est coincé : menteur quand il ment, menteur quand il dit vrai. Comme il est entouré par une bande d’incapables peu crédibles, ça ne s’arrangera pas. Les Gilets Jaunes le savent : Macron est à genoux.


Ils vont chercher la curée….

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