dimanche 1 mars 2020

LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT MACRON

Mon petit Manu,

Je peux t’appeler comme ça. Tu as l’âge d’être mon fils. Comme tout fils, tu crois être supérieur à ton père puisque l’avenir a de l’avance sur le passé. Par définition.

Je peux le comprendre. Pas l’admettre, mais le comprendre. Jusqu’en 2022, tu représentes l’avenir. Après…..

Nous avons, a minima, les mêmes informations, encore que je suppose (j’espère) que tu es mieux informé que moi. En revanche, je doute que nous ayons le même logiciel pour les interpréter et je te vois te mettre en danger en accumulant les conneries, ces mêmes conneries qui font dire à ton peuple que tu es hors-sol. Hors-sol, c’est une expression qui sent Dauphine ou la rue St-Guillaume mais qui est une injure terrible pour un peuple qui est ancré, vissé sur cette terre de France dont tu ne connais rien. Ton peuple ne peut pas être hors-sol, il est arrimé au sol par des liens familiaux, des atavismes, les crédits de la maison et l’école des petits. Cette réalité, difficile, parfois sordide, ton peuple a voulu t’en informer car il croyait en toi. Tu l’as enterrée dans un grand débat qui n’était  pas un débat et qui n’était pas grand. Le « Je vous ai compris » du grand Charles avait, au moins, de l’allure. Ta tournée des préfectures sentait Deschanel et l’odeur fétide du pyjama tombé du train. Qu’en reste t-il un an plus tard ? Des milliers d’espoirs tranchés net, des têtes emplies de rancoeur et des milliers de pieds qui ne se mettront plus en marche.

Un désastre tel que tu as cru bon de le reproduire un an plus tard avec une réforme ni faite, ni à faire. Là, je t’ai admiré. Faire converger les luttes des avocats et des manœuvres de chez Bouygues, c’est impressionnant, même Sarkozy n’y était pas arrivé. Et tu n’as pas su voir. Ton peuple te disait non, d’une même voix, et tu n’entendais rien. Tu étais hors-sol comme Louis XVI, réparant des serrures dans son atelier versaillais.

Il est vrai que tu es obsédé par la com’, cette com’ qui, maitrisée, t’a porté au pouvoir. Mais, sérieusement, mon petit Manu, aller féliciter pour son travail le personnel hospitalier en grève, c’est aller au devant de l’insulte. Tu as eu de la chance. Le neurologue qui t’a interpellé, calmement et fermement, je ne le connais pas. Je connais seulement ses parents, son frère, son oncle (que tu connais également comme tous les Français, demande des fiches à tes clampins de conseillers) Il a été parfait. Tu n‘as rien compris ; en termes choisis, il te demandait si tu prenais pas le corps soignant pour des cons. Il a dit clairement : on n’a pas les moyens (le fric) pour faire face à une épidémie. Et toi, tu as bredouillé des banalités ridicules, les mêmes que tu aurais bredouillées dans un amphi de l’ENA lors d’une épreuve jeu de rôle. Tout le pays t’a vu. Il ne s’agissait pas d’une épreuve de l’ENA. Il s’agissait d’un médecin de haut niveau car Salpé c’est du très haut niveau qui te disait que ton pays était en danger. Et sur ce coup, c’était toi qui n’étais pas au niveau. Le Président redevenait un étudiant médiocre ayant oublié de réviser une question de cours.

Et pour être sûr d’etre définitivement hors-jeu, tu sors aussi sec le 49-3. Ne t’inquiète pas, Manu, le corps soignant a compris  le message.  Le corps soignant cherche dans sa pharmacie comment atténuer la baffe que tu lui as collée.

Tout ceci fait une bouillie, de mots, de mesures, voire de mesurettes sans que le peuple ait le sentiment que la barre est  tenue. Tu es suspecté (soupçonné) de préparer l’annulation des municipales qui signeront ta défaite. Quoique tu fasses, aujourd’hui, tu es le Président de tous les échecs. Même le recul du chômage est imputé à ton prédecesseur. On a oublié que tu le conseillais.

Tu as accumulé toutes les haines sur ta petite tête de premier de la classe. Celui qui prenait les claques subreptices et les vicieux crocs-en-jambes. C’est pas bien. Non mais il en va ainsi. Tu n’es pas capable de changer l’humain, non plus. Ni même de l’accepter. Tu prends aujourd’hui dans les dents les coups que tu as évités étant jeune. Les aurais tu pris que tu aurais développé une résilience qui te fait défaut et des stratégies qui te manquent. A être trop protégé, on se trouve nu un jour.

Ce que j’observe, c’est que tu n’es plus même capable de protéger tes proches. La permanence de ton Premier Ministre mise à sac, ton cher Griveaux livré à la horde médiatique, c’est un début. Un chef, ça doit protéger. Comme chef, tu es nu. Nul. Ton premier cercle est un cercle de courtisans. Tu es heureux car ils pensent, ou font semblant de penser, comme toi. Nous sommes en crise et le pouvoir est uni. Pas de voix discordante. C’est un mauvais signe, signe que personne ne cherche.

Crise, kruzein en grec, désigne le point culminant d’une maladie, quand on meurt ou qu’on guérit. Ça passe ou ça casse. Toi, tu veux que ça passe et tu espères que les mots suffiront. On verra bien. Le problème, c’est que tu as déjà baissé les bras. Tu as dejà commencé à dire que tu avais hérité de la situation. Manière de te dédouaner. Les Français comprennent immédiatement que tu es impuissant. Bébé est dans les jupes de Maman pour dire « C’est pas ma faute ».

Si tu en es là, tu as perdu, Manu.


On en reparlera….

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