mercredi 5 septembre 2018

MEYMAC ET LA PEINTURE

MANIFESTE DE MEYMAC
Par un groupe d’artistes réactionaires

Un randonneur se perd.. Plus de repères.. C’est ce qu’il croit.
Alors qu’il lui suffit de reprendre le chemin à l’envers. Il reviendra fatalement au dernier endroit connu, au dernier repère. De là, un minimum de réflexion lui permet de reprendre sa route. De corriger ses erreurs.

Nous ne savons plus faire ça. La doxa de la novlangue nous l’interdit.

Nous vivons dans un monde bergsonien où le calendrier a remplacé le temps. La valeur d’une idée, d’un acte est donnée par sa date, aujourd’hui vaut plus qu’hier et bien moins que demain. En art, ça conduit à des télescopages improbables et stupides : un plug anal surpasse le plafond de la Sixtine. L’idée est simple : l’artiste, aujourd’hui, a intégré les leçons d’hier et donc, il fait mieux. Il ne vient à l’idée de personne que c’est absolument faux et que nombre d‘artistes n’ont rien intégré du tout. Mais la vieille idée médiévale reprise par Pascal ne quitte pas notre mental. Tout intellectuel est un nain porté par les épaules de géants. C’est une facile filiation que personne, jamais, ne vérifie mais qui suppose que le doigt de Dieu sur le plafond de la Sixtine donne naissance au plug anal. Et personne n’ose plus dire que le premier travail d‘un peintre, c’est de dessiner.

Il y a là une rupture que beaucoup d‘artistes vivent mal. Autant en arts graphiques qu’en musique ou en littérature, c’est tout simplement la négation de leur histoire car l’histoire de l’art accepte mal les grands écarts. Avant d‘être fils de Michel Ange, le peintre est fils de ses maîtres, ceux qui ont tenu sa main et accompagné ses premiers essais, ceux qui lui ont parlé et ont fait de lui un créateur. Au fond de lui, le peintre sait bien que sa peinture ne doit rien aux galeristes, aux journalistes, à toutes les caquetantes poulettes qui font l’opinion et manipulent la doxa. Ceux là ne l’appellent plus peintre, mais plasticien.

Fils de son temps, l’artiste est également fils de sa terre, du lieu dont il connaît les arbres et les nuages qui lui ont enseigné la lumière et les ombres changeantes, où les plaines et les jardins lui ont appris la perspective. Aucun artiste n’est multiculturel, sauf peut être les schizophrènes.

Aux yeux des « intervenants culturels » comme on dit aujourd’hui pour désigner ceux qui administrent une culture qu’ils sont incapables de créer,  dire de l’artiste qu’il est fils de son temps et héritier de son territoire est terriblement réducteur. C’est ringard.

Nous le revendiquons. Ecrivains, peintres, musiciens, nous sommes terriblement ringards. Mieux, nous sommes réacs. Les pieds dans nos territoires, la tête dans notre histoire. Nous sommes réacs car nous réagissons. Réactionnaires, c’est ça : réagir.

Comme le gamin d’Andersen qui affirme que le roi est nu. Il suffit ! Oui, nous sommes les enfants de Flaubert et de Bouguereau et pas les frères de Koons et Mac Carthy. Et oui, nous avons créé notre mouvement dans la Corrèze profonde devant une assiette de tourtous et pas devant un plat de hamburgers à l’écume de mangue. Oui, nous sommes des bouseux rétrogrades. Avant de nous vouer aux gémonies, regardez notre travail.


Pensez à cette chose simple. Que voulez vous mettre sur vos murs ?

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