Les députés doivent tous avoir un GPS dans leur voiture. De
ce fait, ils sont inaccessibles à ce changement qui rend idiot : le
changement d’échelle.
Dans le meilleur des cas, le GPS affiche une carte pour
automobilistes, c’est à dire une échelle moyenne, grosso modo l’équivalent du
1/200 000. Quand tu approches du but, l’échelle devient plus grande ; 1/20
000, voire plus grand. Et donc, par définition, tu ne prends pas conscience que
tu peux être dans une zone plus vaste. Tu as une vision rétrécie.
Le député qui vote le CETA n’a aucun autre moyen de faire le
lien que son cerveau. Je pourrais plaisanter sur ce sujet s’il ne m’inquiétait
pas. Oui, ils ont un cerveau. Mal
construit, mais ils en ont un. Et leur cerveau les empêche de voir que la
production agricole sur leur circonscription est liée à la production
alimentaire mondiale. Ils n’ont plus conscience que le CETA qu’ils votent va à l’encontre des intérêts de leurs
électeurs. Ils n’ont plus conscience des conséquences de leur vote.
Ils n’ont plus conscience, non plus, que l’agriculteur du
village voisin en a conscience parce que, lui, les cours mondiaux et la
mondialisation, c’est sa survie. Lui, il sait que la décision prise sur une
carte à toute petite échelle va l’appauvrir, voire le ruiner. Et donc, il
regimbe.
Le député qui regarde sa permanence taguée se saisit des
éléments de langage fournis par les chefs : violence, dictature, refus de
la démocratie. C’est plus simple que ça. En autorisant aux autres ce que tu
m’interdis, tu me livres à eux, pieds et poings liés. Tu me détruis. Et je ne
vais pas te laisser faire. Parce que détruire ses électeurs, ce n’est pas
vraiment la définition de la démocratie.
Oui, dit le député, mais en signant ce traité, je vais
améliorer la vie des autres, ceux qui ne produisent pas. Je vais améliorer leur
pouvoir d’achat.
C’est possible. Ce faisant, tu divises ton peuple en
deux : ceux qu’on aide et ceux qu’on détruit. Et tu choisis ce que tu
détruis. Est ce cela la démocratie ? Est ce cela la bienveillance ?
Et n’étant pas bienveillant, ne viens pas nous parler de réciprocité parce
qu’on baigne dedans : le bonhomme qui détruit ta permanence fait
exactement la même chose que toi : il s’attaque à ton outil de travail.
La géopolitique, c’est ça : comparer des échelles. Et
comparer correctement les signes. Montesquieu, à propos de l’Espagne
distinguait soigneusement la richesse « naturelle » qui correspond
aux biens produits et la richesse « signe », l’or et l’argent qui
sont simplement un signe de richesse qui ne correspond à rien de réel. A les
mélanger, on risque le retour de bâton, comme dans l’Espagne du Grand Siècle.
Plus que jamais, nous vivons dans l’empire des signes.
Et donc, petits députés aux yeux collés de sécrétions
nocturnes, personne ne va vous plaindre. Vous avez une responsabilité et ceux
qui taguent ou détruisent vos permanences viennent vous la rappeler :
améliorer la vie de ceux qui votent pour vous. Si vous n’en êtes pas capables,
ne vous plaignez pas.
Ne serait ce que parce que, dans le même temps, vous
préparez la vente de nos barrages, ce qui revient à ôter la possibilité d’irrigation
à ceux qui vont en avoir besoin.
C’est de l’acharnement. Dites le clairement que vous rejetez
l’agriculture. On vous laissera au moins le bénéfice de la franchise.
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