dimanche 14 juillet 2019

LE BAC A ESCOS

C’est fini. Calmons nous. Posons les questions.

Plus de huit enfants sur dix peuvent ils accéder à l’Université ? Puis y faire un cursus complet ( Bac + 7) sans difficultés ? Poser la question, c’est y répondre.

Le bac a évolué sur une erreur de perspective, initiée par Jack Lang, qui voulait que 100% d’une classe d’âge ait le bac, faisant de ce dernier une arrivée ( la fin du secondaire) et non un départ puisque le bac est le premier diplôme universitaire. Rappelons que, lors de sa création, le jury était composé de professeurs d’Université qui jugeaient les élèves capables (ou non) d’étudier avec eux.

Voilà cinquante ans que cette dimension universitaire est tranquillement éradiquée, y compris par les enseignants du secondaire lesquels préfèrent juger des arrivées que donner des départs. Il est vrai qu’ils sont partie prenante dans un cas, pas dans l’autre.

L’erreur de perspective, comme souvent, est accident du regard. Ministres et corps enseignant étaient déjà focalisés sur les banlieues qui concentraient toute leur attention, en leur qualité de réceptacle de l’injustice sociale.

Dans mon lycée, il n’y avait pas de « quartier difficile » au sens Zepien du terme. C’était bien pire. Un bon tiers de mes condisciples étaient fils de paysans, élevés par des instituteurs remarquables dans des trous du cul du monde où on parlait plus volontiers le basque que le français, voire le patois gascon, tous boursiers ce qui n’était pas infamant, au contraire, et pratiquement tous internes car le transport scolaire était inexistant. La Nation payait pour former ses élites, au prix d’une sélection rigoureuse, j’ai failli écrire « sauvage ».

La plupart de mes copains ruraux ont été reçus dans un temps où un élève sur deux était collé.

Alors les arguments à la con sur la population des « quartiers » m’explosent de rire. Problèmes économiques ? Va voir le niveau de vie en Soule… Problèmes de culture ? Je l’ai dit, les parents de mes copains parlaient plus volontiers basque. Prenez la question par tous les bouts, les causes étaient les mêmes à Escos qu’à Sarcelles. Sauf que personne ne regardait Escos et sa population de bouseux condamnée par le Progrès. Ceci ayant conduit, in fine, au mouvement des Gilets jaunes. A refuser de regarder des pans entiers de la population, on s’expose à ne rien voir.

On ne regarde plus que par le mauvais bout de la lorgnette des statistiques. L’Etat se préoccupe de quantités, pas de qualité. Or, dans un pays, ce qui compte, ce n’est pas d’avoir TANT d’habitants, mais TELS habitants.

Mes copains de lycée, j’en ai retrouvé beaucoup. Dans la haute administration où ils pleurent de voir disparaître les valeurs qui ont conduit leur vie. Dans la recherche où leur expertise en matière de territoire pourrait être précieuse. Chez Total qui a vidé la région de ses cerveaux pour peupler ses plateformes pétrolières. Leurs enfants ne sont plus boursiers et étudient dans de grands lycées de grandes villes. Mais, en général, chacun sait d’où il vient. Il y a une mémoire du lieu. Pour la jouer linguiste, opposons la « campagne » au « bled ». C’est pas bien ce que je viens d’écrire.

Et je dois préciser. J’ai à nouveau pris Escos comme exemple. Parlons comme Blanquer : j’ai pris Escos en otage de ma réflexion.

Mais, Escos, avec ses cinq lettres vient facilement sous les doigts. Si j’avais choisi Alçay-Alçabéhéty-Sunharette, je me cassais le rythme de la phrase, la scansion. Escos est une facilité rythmique. J’en demande pardon à Monsieur Ducarme.


On en reparlera……

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