C’est fini. Calmons nous. Posons les questions.
Plus de huit enfants sur dix peuvent ils accéder à
l’Université ? Puis y faire un cursus complet ( Bac + 7) sans
difficultés ? Poser la question, c’est y répondre.
Le bac a évolué sur une erreur de perspective, initiée par
Jack Lang, qui voulait que 100% d’une classe d’âge ait le bac, faisant de ce
dernier une arrivée ( la fin du secondaire) et non un départ puisque le bac est
le premier diplôme universitaire. Rappelons que, lors de sa création, le jury
était composé de professeurs d’Université qui jugeaient les élèves capables (ou
non) d’étudier avec eux.
Voilà cinquante ans que cette dimension universitaire est
tranquillement éradiquée, y compris par les enseignants du secondaire lesquels
préfèrent juger des arrivées que donner des départs. Il est vrai qu’ils sont
partie prenante dans un cas, pas dans l’autre.
L’erreur de perspective, comme souvent, est accident du
regard. Ministres et corps enseignant étaient déjà focalisés sur les banlieues
qui concentraient toute leur attention, en leur qualité de réceptacle de
l’injustice sociale.
Dans mon lycée, il n’y avait pas de « quartier
difficile » au sens Zepien du terme. C’était bien pire. Un bon tiers de
mes condisciples étaient fils de paysans, élevés par des instituteurs
remarquables dans des trous du cul du monde où on parlait plus volontiers le
basque que le français, voire le patois gascon, tous boursiers ce qui n’était pas infamant, au
contraire, et pratiquement tous internes car le transport scolaire était
inexistant. La Nation payait pour former ses élites, au prix d’une sélection
rigoureuse, j’ai failli écrire « sauvage ».
La plupart de mes copains ruraux ont été reçus dans un temps
où un élève sur deux était collé.
Alors les arguments à la con sur la population des
« quartiers » m’explosent de rire. Problèmes économiques ? Va
voir le niveau de vie en Soule… Problèmes de culture ? Je l’ai dit, les
parents de mes copains parlaient plus volontiers basque. Prenez la question par
tous les bouts, les causes étaient les mêmes à Escos qu’à Sarcelles. Sauf que
personne ne regardait Escos et sa population de bouseux condamnée par le
Progrès. Ceci ayant conduit, in fine, au mouvement des Gilets jaunes. A refuser
de regarder des pans entiers de la population, on s’expose à ne rien voir.
On ne regarde plus que par le mauvais bout de la lorgnette
des statistiques. L’Etat se préoccupe de quantités, pas de qualité. Or, dans un
pays, ce qui compte, ce n’est pas d’avoir TANT d’habitants, mais TELS
habitants.
Mes copains de lycée, j’en ai retrouvé beaucoup. Dans la
haute administration où ils pleurent de voir disparaître les valeurs qui ont
conduit leur vie. Dans la recherche où leur expertise en matière de territoire
pourrait être précieuse. Chez Total qui a vidé la région de ses cerveaux pour
peupler ses plateformes pétrolières. Leurs enfants ne sont plus boursiers et
étudient dans de grands lycées de grandes villes. Mais, en général, chacun sait
d’où il vient. Il y a une mémoire du lieu. Pour la jouer linguiste, opposons la
« campagne » au « bled ». C’est pas bien ce que je viens
d’écrire.
Et je dois préciser. J’ai à nouveau pris Escos comme
exemple. Parlons comme Blanquer : j’ai pris Escos en otage de ma
réflexion.
Mais, Escos, avec ses cinq lettres vient facilement sous les
doigts. Si j’avais choisi Alçay-Alçabéhéty-Sunharette, je me cassais le rythme
de la phrase, la scansion. Escos est une facilité rythmique. J’en demande
pardon à Monsieur Ducarme.
On en reparlera……
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