lundi 13 septembre 2010

TU CONNAIS LA SYNECDOQUE ?

Une voile parût. C’est une synecdoque. Ce qui apparaît, ce n’est pas une voile, c’est un bateau. Une voile toute seule, c’est pas possible. La partie signifie le tout.

C’est une figure rhétorique, un trope pour les linguistes. Les figures rhétoriques, c’est fait pour vous faire prendre conscience de choses que vous auriez pas imaginé par vous même. Raffaele Simone, il est linguiste et la rhétorique, il connaît. D’ailleurs, il utilise pour titre un oxymore. « Monstre doux », c’est un oxymore, une figure de rhétorique qui réunit deux mots contraires en apparence. Raffaele Simone a oublié la synecdoque.

L’humanisme est une synecdoque de la gauche. Tu peux pas être à gauche si t’es pas humaniste. Mais c’est pas parce que tu es humaniste que tu es à gauche. Ça ne suffit pas, c’est juste une partie de la pensée de gauche. Y’a des humanistes de droite. On les appelle des « dames patronnesses » (on me pardonnera, mais je n’ai pas trouvé de masculin à cette expression). Des gens qui sortent le mouchoir et l’aumône quand ils ont envie de pleurer. Des gens qui ont « leurs » pauvres, « leurs » bonnes œuvres. Des gens qui ne mettent jamais leur propre confort en péril. Des gens qui cherchent à se payer (le moins cher possible) une bonne conscience.

Etre à gauche, c’est vouloir la justice sociale. Joli mot pour dire qu’il faut mieux répartir les bénéfices entre le travail et le capital. Marx (qui c’est, celui-là ?) en parle bien, même si c’est un peu compliqué. Tu bosses, tu crées de la plus-value. Qui va l’empocher ? Question simple. La réponse que tu vas donner te situera à gauche ou à droite.

Une répartition équitable de la plus value, ça va pas sans mal. Chacun chouine, hurle, menace, supplie pour conserver la plus grosse part du gâteau. Le patronat, le plus souvent, c’est la menace. Je licencie, je pars dans un autre pays. Autant dire que la justice sociale, ça se met pas en place dans la joie et l’harmonie. Faut un bâton. Un gros bâton. Aujourd’hui. Autrefois, fallait plus dur vu que les temps étaient plus durs. Un peu de guillotine pour récupérer les terres accumulées par des siècles d’exploitation. On a appelé ça la Révolution française. Le patronat de l’époque, il s’est barré. A l’Est. On n’en est pas morts.

Remarque, c’est normal. Le mec à qui tu veux faire les poches, il est pas d’accord. Il peut te comprendre, mais ça lui fait pas plaisir. Il renâcle, il s’oppose. Faut bien lui forcer un peu la main.

Et c’est là que surgit la synecdoque. Ho ! t’es à gauche ? Oui. Tu respectes donc la vie humaine ? Oui. Tu veux pas faire de mal à ton prochain ? Non. Contraindre, ça fait mal ? Oui.

Baisé. Tu viens de te faire baiser. Tu as ouvert la porte à la littérature idéologique historique. Et derrière la porte, fais moi confiance, y’a du monde, et du beau. Robespierre, Staline, Mao, Marx (qui c’est, celui-là ?), Lénine, le goulag et les koulaks, les morts de la Révolution culturelle. T’es pas un humaniste.

Il faudrait avoir le courage de l’accepter. De dire que l’humanisme, c’est juste un bout de la pensée de gauche. Un bout important mais juste un bout. Que la vie humaine n’est pas une unité de compte. C’est vrai que le mec qui licencie, il tue pas. En tous cas, pas vraiment et pas tout de suite. Il met juste quelques familles à la casse. Pauvres mais vivants. Le léninisme, c’était riches mais morts. Même pas. Les riches, ils pouvaient se barrer. La France a accueilli plein de Russes blancs. Ruinés mais vivants. Tu vois bien que c’est pas obligé. Ceux qui estimaient que leur pognon valait plus que leur vie sont restés là-bas. Ils ont perdu la vie et le pognon. Logique.

La pensée de gauche, elle fonctionne par groupes. Par classes sociales. Elle privilégie le groupe sur l’individu. Si contraindre une poignée ça améliore la vie de l’ensemble, contraignons. C’est pas honteux.

C’est pour ça que la pensée de gauche est morte. Depuis quelques décennies (et Raffaele Simone le dit justement), toute la médiatisation sur-valorise l’individu. Il est devenu l’alpha et l’oméga de la réflexion. On s’excite sur Sakineh, mais on refuse de réfléchir sur l’Islam. Le futur assassin de Sakineh, on le connaît. C’est le mec qui a mis les mollahs au pouvoir à Téhéran. Le mec qui a décidé que Khomeyni était un chef d’Etat valable. Personne, jamais, ne lui a posé la question. Personne ne lui dit que, pour réparer son erreur, ce serait bien qu’il aille voir le Président iranien et qu’il revienne avec Sakineh. Plus quelques autres dont on parle moins.

La pensée de gauche n’a que faire des individualités. La pensée de gauche est une pensée historique, pas une pensée du petit futur immédiat. Le penseur de gauche sait qu’il y a des dégâts quand on prépare l’avenir. Il les déplore, forcément, mais il les sait inévitables.

Raffaele Simone a très peur qu’on ne le croit pas humaniste. Alors, il se freine un peu. Il n’est pas le seul. Toute la gauche européenne fonctionne comme ça. Vaut mieux croire en l’humanisme qu’en la justice sociale. Mais le « peuple de gauche », celui qui vit au quotidien la pression économique, il est pas con. Il le sait bien, lui, que si on serre pas un peu le kiki des dirigeants, il n’obtiendra rien.

Alors, il regarde vers ceux qui parlent de serrer le kiki. Ceux qui se moquent de l’humanisme. La droite sans masque.

On en reparlera…

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